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"J’ai commencé par sensibiliser quelques entraîneurs afin que les premières équipes se montent en France"


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Nous ouvrons cette semaine une page d’histoire du grand livre de la synchro. C’est en Normandie (France), dans la maison de campagne d’Edith Ballester, que nous nous rendons aujourd’hui. Sans elle, la synchro n’aurait certainement pas le même visage en France. Elle a en effet oeuvré pour importer et développer le patinage synchronisé dans l’Hexagone de 1990 jusqu’à sa retraite en 2001. Découvrons la naissance de notre sport chez nos amis français avec cette passionnée qui a soufflé ses 82 bougies.

Vous & la synchro

Comment avez-vous découvert la synchro ?
J’étais à l’époque cadre technique de la fédération. Avec mon époux, nous avions créé à Rouen une compétition internationale de ballets (la Pomme d’Or). Une discipline de groupe «artistique» sur glace. Sachant mon intérêt pour ces disciplines nouvelles, la fédération française des sports de glace m’a missionnée pour aller à Helsinki voir l'une des premières compétitions internationales de patinage synchronisé en Europe en janvier 1990. À l’époque, on parlait de «Precision skating».

Quel a été votre rôle dans le monde du patinage synchronisé français ?
En tant que cadre technique de la fédération, je devais développer cette nouvelle discipline dans les clubs.

Quel est le souvenir «synchro» qui vous a le plus marqué ?
Ma première compétition à Helsinki ! Dans cette immense patinoire, il y avait 70 équipes ! Une ambiance et une énergie incroyables !

Vous qui êtes impliquée dans la synchro depuis de nombreuses années, quel regard portez-vous sur ce sport aujourd’hui et sur son évolution ?
La technique de patinage a beaucoup évolué. L’apparition des portés et de certains éléments de couple sont venus enrichir la discipline. L’expression et la chorégraphie sont maintenant des composantes essentielles, ce qui rapproche la synchro du ballet. Y a-t-il une ouverture possible entre ces deux mondes ?

S’il fallait retenir un programme qui vous a émue ou touchée…
Team Surprise dans les années 90 sur une musique de Gerschwin je crois. Puissance et créativité. Cette équipe va nous manquer.

Avez-vous une équipe préférée ?
Mon équipe préférée a été pendant longtemps les Pirouettes de Laval. C’est grâce à elle et à son entraîneur de l’époque Lyne Forget que j’ai pu développer la discipline en France. L’équipe russe Paradise dans un registre très classique a une très belle qualité de patinage.



La France et la synchro

En voyant cette discipline arriver en France, quelles ont été les premières réactions ?
Beaucoup d’enthousiasme de la part de certains clubs car la synchro leur permettait d’offrir un débouché intéressant aux patineurs qui ne patinaient pas ou plus en compétition. D’autres étaient attirés par l’aspect «sport collectif». Bien sûr, certains étaient plus méfiants…

Pouvez-vous nous raconter les débuts de la synchro en France ?
J’ai commencé par sensibiliser quelques entraîneurs afin que les premières équipes se montent (l’équipe des Zoulous de Lyon en faisait déjà partie). Puis j’ai organisé des stages et des séminaires avec des entraîneurs québécois (il n’y avait pas de barrière linguistique et leur enthousiasme était contagieux). Une commission a été créée au sein de la fédération. Des juges (du patinage artistique et de la danse sur glace) se sont formés. La France organisait depuis plusieurs années des compétitions de ballets sur glace, et les premières compétitions de synchro ont été intégrées à ces rencontres. À la fin de notre première saison, nous avons organisé notre coupe de France (1991) avec une dizaine d’équipes. Afin de faire connaître la discipline, nous avons ensuite organisé la 1ère French cup.

Dans votre pays, comment se passe le développement du sport à votre avis?
Depuis le début de la saison, la fédération a nommé une directrice des équipes de France pour le patinage synchronisé, Madame Catherine Glaise. Sous son impulsion, des moyens ont été mis en place afin que nos équipes juniors et seniors soient plus performantes sur la scène internationale. Ce travail commence à payer. Le standard de nos équipes lors de la dernière French cup était en nette progression.


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Edith Ballester et Christophe Lair, patineur professionnel, lors de la French cup 2018. /Credits : Valérie Ballester

À votre avis, comment peut-on faire évoluer ce sport en France ?
Continuer le développement d’équipes sur tout le territoire et travailler sur l’interdisciplinarité.

Toute l’équipe de Jura Synchro remercie chaleureusement Edith Ballester, ainsi que sa fille Valérie, pour leur aide à la réalisation de cette interview. Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir une nouvelle histoire qui concerne notre sport.


Article : Remo De Tomi
Photos : Valérie Ballester
Corrections : Alyssa Norton