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Après avoir donné à son équipe l’or mondial, la capitaine des Suprêmes annonce sa retraite


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Laurie - à gauche - sur la glace de Hamilton en avril où son équipe a été sacrée championne du monde. (Credts: Sean McKinnon - 2022)

Même si Laurie Désilets ne sera plus sur la glace de compétition, l'ancienne capitaine des Suprêmes (CAN) - les championnes du monde 2022 - continuera d'inspirer la jeune génération.

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À 29 ans, Laurie, vous avez récemment décidé de mettre un terme à votre carrière synchro…

J’ai décidé d’accrocher mes patins en tant que patineuse car lorsque je pense à ma carrière, je suis en paix avec celle-ci et j’en suis très fière. Les Championnats du monde ont certainement été la cerise sur le sundae, mais je crois vraiment que ma décision aurait été la même avec des résultats différents. J’étais rendu-là, prête à passer à une autre étape.   

Je continue de mettre mes patins à tous les jours pour transmettre ma passion, et je me sens très privilégiée de pouvoir le faire.  

Était-ce une décision difficile à prendre ?

Pour être honnête, j’anticipais énormément ce moment. À bien y repenser, je crois que ce qui a été le plus difficile pour moi ça a été de le dire officiellement.

Ça peut sembler drôle à dire, mais d’un côté la décision a été difficile à prendre car j’aime encore beaucoup patiner. Je ne comprenais pas trop comment d’un côté je pouvais me sentir prête à arrêter, mais que de l’autre je n’étais toujours pas tannée, et ce même après 11 ans au Senior hahaha ! J’ai eu un déclic lorsqu’on m’a dit que si je n’aimais plus patiner, si je n’aimais plus autant le sport, je ne voudrais probablement plus coacher non plus… et c’est bien tout le contraire !


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Laurie Désilets a patiné durant 11 ans en Senior.

C’est aussi lorsque je me suis posée la question à savoir : « qu’est-ce que je voulais dans ma vie en ce moment? », que ma décision a commencé à être plus claire. Les réponses à cette question m’ont guidée. Ce fût un long processus, mais je crois que c’est ce qui a fait en sorte que je suis autant sereine avec mon choix.

Vous y pensiez depuis longtemps ?

J’y pensais effectivement depuis longtemps. Comme je disais, ce fût un long processus et celui-ci a été échelonné sur plusieurs saisons. Mes entraîneurs m’ont souvent répété qu’une retraite ça se prépare. Je suis une personne qui a besoin de savoir où je m’en vais, ce n’est donc pas une décision que j’aurais pu prendre du jour au lendemain.

Au début de la saison 2019-2020, j’avais dit à mes entraîneurs que je croyais entamer ma dernière année. J’allais avoir 26 ans, je patinais, je travaillais à temps plein, et je venais d’accepter de commencer à enseigner à l’équipe Pré-Juvénile… ça commençait à faire beaucoup. Toutefois, ma saison précédente avait été personnellement plus difficile, en plus de ne pas nous qualifier pour les Championnats du monde. 

"La synchro, c’est une école de la vie. La plus belle qui soit.
Après y avoir longuement réfléchi, j’ai pris la décision que les choses n’allaient pas se terminer comme ça. J’ai donc décidé de continuer pour une « dernière année ». Je voulais profiter de chaque instant, et je voulais vivre pleinement tout le processus d’une saison. Mon équipe et moi avons vécu une saison incroyable cette année-là. On avait tellement hâte d’aller au Lac Placid… J’étais dévastée que nous n’ayons pu avoir notre fin de chapitre en 2020, pandémie oblige.

Je n’ai pas les mots pour l’expliquer, mais une petite voix m’a dit de ne pas lâcher. Ma mission n’était pas encore terminée. 

Quel est le souvenir le plus intense que vous gardez de vos années synchro ?  

Oufff !! C’est une question difficile ! Je garde tellement de précieux souvenirs de chacune de mes saisons. Elles ont toutes été uniques et à leur façon, elles ont toutes faites de moi la personne que je suis aujourd’hui.

Si je dois vraiment en choisir un seul, je dois dire que de gagner les Championnats du monde à la maison, c’est un rêve qui est devenu réalité! Ce fût vraiment très intense ! Tellement intense, que certains moments sont flous dans mes souvenirs. Un moment qui est lui très clair est lorsque ma co-capitaine et bonne amie avons annoncer les résultats à l’équipe. Leurs visages quand nous sommes rentrées dans la chambre est quelque chose qui restera gravé dans ma mémoire à jamais.

De monter sur la plus haute marche du podium, c’était incroyable, mais ce qui a été le plus beau dans tout ça, ça a été de le faire ensemble après les deux dernières années. Je n’ai jamais vu une équipe faire preuve d’une aussi grande résilience. Nous étions juste tellement reconnaissantes de pouvoir enfin compétitionner à la maison, devant nos familles et nos amis.


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Y a-t-il une valeur ou un apprentissage particulier qui vient de la synchro et que tu garderas avec toi ? Ou encore que vous appliqueras dans ta vie de tous les jours ?

Il y a tellement de choses que je garde avec moi et que j’applique dans ma vie de tous les jours. Le sport, la synchro, c’est une école de la vie. La plus belle qui soit.

Entre autres, je garde avec moi le fait que la vie sera toujours remplie de défis et que c’est notre façon de voir les choses et de se remonter les manches qui feront toute la différence. Mais surtout, je garde avec moi qu’il ne faut jamais avoir peur de rêver grand!

Vous avez été un modèle de capitaine en menant votre équipe jusqu’au titre mondial. Quel conseil donneriez-vous à tous les capitaines d’équipe partout dans le monde?

J’ai été capitaine de l’équipe Senior 10 ans et pour être bien honnête, si quelqu’un m’avait dit que j’allais faire ça plus tôt dans ma carrière… jamais je ne l’aurais cru hahah! Il faut savoir qu’il n’y a pas si longtemps j’étais quelqu’un de vraiment timide. Être capitaine et porter ce chapeau ne m’avaient donc jamais traversé l’esprit.  

Lors de ma deuxième saison Senior, plusieurs anciennes avaient quitté et c’est une de mes coéquipières qui m’a encouragée à donner mon nom. Je crois qu’elle voyait quelque chose en moi que moi je n'avais pas vu encore.

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En ce qui me concerne, l’équipe a toujours occupé la première place. Tout ce que je voulais c’était aider et guider mon équipe. Je voulais faire ressortir le meilleur de chacun. J’ose croire que j’avais une belle éthique de travail, et j’ai également décidé que j’allais donner l’exemple par l’action, en travaillant plus fort. J’ai toujours été quelqu’un avec une grande capacité d’observation et d’écoute. Je connaissais bien chaque membre de mon équipe, et je le voyais toute suite si quelque chose n’allait pas, si on avait besoin de motivation, etc… J’ai aussi développé une très belle communication avec mes entraîneurs, et celle-ci était essentielle pour leur communiquer les besoins de l’équipe. À leur tour, ils me communiquaient leurs besoins, et j’étais comme on dit le lien entre les deux parties.

Finalement, je crois que j’ai toujours essayé de rester fidèle à moi-même dans ce rôle. Je n’ai pas essayé d’être quelqu’un d’autre. J’ai énormément grandi dans mon rôle. J’ai fait de mon mieux, en ayant de bonnes intentions et en étant à l’écoute.

À tous mes anciens et anciennes coéquipières, je vous dis MERCI de m’avoir fait confiance. Si vous saviez à quel point ce fut un honneur pour moi de vous représenter. Je vous aime d’amour.  

Aux capitaines et futures capitaines, faites-vous confiance et restez vous-mêmes!

"L'un de mes grands projets est de continuer à grandir en tant qu’entraîneur!"
Quels sont vos futurs projets ?

J’ai terminé mon baccalauréat en administration en 2018. En plus de partager ma passion pour le sport avec les plus jeunes, j’ai travaillé 4 ans chez Bell Helicopter en approvisionnement. Depuis le mois d’octobre, je relève maintenant de nouveaux défis au Cirque du Soleil en planification.

Pour ce qui est de mes projets personnels, c’est certain que je veux prendre le temps d’aller visiter mes parents et ma famille plus souvent, chose que j’avais moins le temps de faire lorsque je m’entraînais. J’ai également eu la chance de voyager beaucoup en tant qu’athlète, et j’y ai pris goût. Je veux voyager davantage, en plus de profiter des petits plaisirs de la vie avec les gens qui me sont précieux. 

Finalement, c’est certain que l’un de mes grands projets est de continuer à grandir en tant qu’entraîneur! J’adore partager ma passion, et je veux redonner au sport qui m’a tant appris.


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Laurie Désilets: "Si je devais tout recommencer... Je ne changerais rien."  (Credits: Sean McKinnon - 2022)

Et vous continuerez à vous impliquer dans les Suprêmes...

La famille des Suprêmes est ma deuxième famille! C’était un rêve pour moi d’en faire partie.

Depuis la saison 2019-2020, ma meilleure amie et moi sommes les entraîneurs de l’équipe Pré-Juvénile. La saison suivante, sur zoom durant la pandémie, nous avons fait nos débuts avec l’équipe Juvénile et depuis, nous avons les deux équipes. Depuis ma retraite, je travaille maintenant aussi avec l’équipe Junior et j’adore ça! 

En plus de cela, je serai également l’une des plus grandes fans de mon ancienne équipe Senior préférée!

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce nouveau rôle?

Ce qui me plait le plus, c’est de redonner à la future génération. J’adore les voir s’épanouir sur la glace, les voir grandir et s’améliorer! Ayant patiné jusqu’à 28 ans, je sens que j’ai pu pratiquer mon sport avec une maturité différente. Je veux être un modèle et guider les patineurs à travers leur propre parcours.

"Suprêmes un jour, Suprêmes toujours"
Je veux leur transmettre toutes les belles valeurs Suprêmes que j’ai moi-même acquises au cours de ma carrière, telles le respect, l’entraide, l’écoute, la rigueur entre autres. Je souhaite leur offrir un endroit, un milieu de vie où ces jeunes patineurs, patineuses pourront s’épanouir à l’intérieur de ce sport mais également au niveau personnel.

Suprêmes un jour, Suprêmes toujours!!!!!!!

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