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8 conseils utiles à connaître avant de partir patiner à l'étranger


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Le soutien de ses coéquipiers est très important quand on arrive dans un pays étranger. (Credits: Starlight par Ru-Pho - 2020)

La Covid-19 a permis de prendre du temps pour soi et de se recentrer sur ses propres objectifs. Pour certains, cela leur a certainement donné l’occasion de rêver plus grand et donné l’envie d’oser l’impossible. Si votre (nouveau) rêve est de partir patiner dans une équipe qui n'est pas dans votrre pays d'origine, voici quelques points clefs pour vous aider et pour réussir votre intégration!

Dernier épisode de notre série sur les patineurs internationaux: l'avis d'une patineuse qui a fait le pas.

Ces conseils ont été formulés par Agathe Merlier, une Française partie en 2013 rejoindre l'équipe des Suprêmes Seniors à Montréal. Elle est également correspondante pour Jura Synchro au Canada.

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1. Se poser les bonnes questions
Partir patiner dans une équipe étrangère, ce n'est pas seulement choisir une équipe que l'on aime. C'est choisir des entraîneurs et une façon de s'entraîner qui nous conviendraient. Au fil des années, nous développons une personnalité, et nous avons tous des préférences. C'est ce que nous devons rechercher lors du choix de l'équipe.

C'est pour moi, le plus important. Sans ça, l'adaptation sera vraiment difficile et vous ne profiterez pas pleinement de cette nouvelle expérience qui s'ouvre à vous. 


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Agathe Merlier patine au Canada depuis 2013. (Credits: A. Merlier)

Il faut prendre le temps de se poser certaines questions comme:

Suis-je capable de vivre loin de ma famille, ou au contraire, est-ce que je préfère rester proche? Dans quel pays aurais-je le plus de chance de m'adapter? Quel type de personnalité je recherche chez mon ou mes entraîneurs? Quel type de patinage j'aime? Quels sont les programmes que j'aurais aimé patiner? Quelle équipe serais-je fier(e) de représenter? 

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres mais dont il faut prendre tout le temps nécessaire pour y réfléchir.

2. Ne pas se sentir freinés par la langue
La barrière de la langue peut parfois être un handicap, mais le langage des signes est universel. Il ne faut pas s'empêcher de vivre ses rêves car on ne parle pas la langue officielle du pays ou bien l'anglais. Pour l'avoir vu et vécu, il y a toujours moyen de communiquer et d'apprendre sur place.

Le langage du patinage c'est principalement regarder, comprendre et appliquer. On peut cependant utiliser nos protège-lames ou encore nos mains pour se faire comprendre. La communication, c'est le premier pas vers la créativité.

Par exemple, j'ai eu une coéquipière japonaise, Sora, qui ne parlait ni anglais ni français. Elle avait donc un ordinateur à son arrivée, que l'on utilisait à chaque pratique pour lui traduire les corrections ou tout simplement pour apprendre à la connaître!



3. Communiquer avec ses entraîneurs
Une fois votre choix d'équipe est fait, il est important d'en parler avec votre entraîneur. Il pourra vous aider dans vos démarches, vous conseiller, et éventuellement vous mettre en contact.
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4. Vérifier que tous les documents sont en ordre
La dernière chose à savoir, et certainement la plus importante, c'est qu'il existe une entente entre les fédérations.

Pour représenter un autre pays à l'international, il faut avoir demandé par amont une "release letter" à sa fédération d'origine. Cette lettre t'autorise à représenter ton nouveau pays. Sans celle-ci, il est impossible de mettre le pied sur la glace en compétition internationale ou bien ton équipe sera disqualifiée.

Dans le pire des cas, si tu n'obtiens pas cette lettre, il suffira normalement d'attendre un an sans avoir représenté un pays en compétition internationale afin de pouvoir patiner pour ta nouvelle équipe.


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5. Prendre le temps de bien préparer
Bien qu'il soit possible de partir du jour au lendemain dans une nouvelle équipe, la route pour y arriver peut se montrer parfois difficile. Il est donc important de se renseigner au maximum sur son futur environnement de vie et de s'y préparer.

Sachez qu'aucune question n'est stupide et il ne faut pas avoir peur de demander de l'aide.

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Par exemple, dans certains pays, il pourrait être nécessaire d'obtenir un permis d'étude ou de travail pour pouvoir vivre mais aussi entrer et sortir du pays sans problème lors des compétitions. Le meilleur moyen d'obtenir ces informations est tout simplement de se renseigner des ententes que votre pays d'origine dispose avec le pays dans lequel vous souhaitez immigrer. Dans ce cas-là, l'idéal serait de préparer son départ au moins 6 mois à l'avance.

Profitez de cette belle opportunité pour vous créer un beau projet : investissez dans votre avenir, il est possible de concilier études/travail et sport avec de l'organisation et de la volonté.

Dernier point immigration: Anticipez vos démarches pour rester dans le pays avant la fin de votre permis si vous souhaitez continuer l'aventure! Cela vous évitera de vous retrouvez dans ma situation: mon équipe est partie sans moi à la Lumière Cup 2018 sinon je ne pouvais pas revenir au Canada. Je les ai donc regardés en livestream et ce n'est pas l'expérience la plus fun à vivre!

6. La technologie pour rester en contact
L'éloignement avec la famille peut faire peur mais nous sommes chanceux d'avoir la technologie avec nous. Par exemple, je leur envoie des messages tous les jours. En ce moment avec la Covid-19 et la fermeture des frontières, je prends le temps de faire un Facetime avec eux tous les week-ends.

Ces petits moments me permettent de mieux accepter la situation et cela fait maintenant 8 ans que je suis partie! Bien sûr, il y aura des moments plus difficiles que d'autres, c'est certain, surtout avant les retrouvailles et l'excitation que cela engendre. L'attente deviendra insoutenable mais à chaque fois que vous reverrez votre famille, c'est comme si vous n'étiez jamais partis bien que la vie continue aussi de leur côté.

Cependant, l'aventure que vous allez vivre sera tellement riche en émotions que vous allez vous créer une nouvelle famille avec votre équipe. Par la suite, vous vous sentirez toujours partagés entre les deux!

7. Accepter les hauts... et les bas
De plus, suite à plusieurs conversations que j'ai eu et mon expérience personnelle, la première saison est toujours la plus difficile. On peut perdre confiance en soi, trouver que c'est difficile, se sentir seul et c'est bien normal.

C'est seulement lors de ma première compétition provinciale avec Les Suprêmes Seniors, en sortant de la glace après le programme long que je me suis dit: "Je veux revivre ce sentiment encore, encore et encore!" Cela m'a pris 6 mois pour comprendre pourquoi je "m'infligeais" cette expérience qui, jusque là avait déjà eu ses hauts et ses bas.

Il ne faut surtout pas oublier que si nous sommes là, c'est pour vivre notre rêve, que nous sommes capables de patiner pour la réussite de l'équipe que nous avons choisie, puisque finalement, eux aussi nous ont choisi dans ce but.

L'important, c'est de le faire pour soi et tout sera plus simple. Cependant, il n'y a aucune honte et ce n'est pas un échec de vouloir rentrer chez soi. L'aventure ne vous a tout simplement pas convenu. Il n'y a aucun remords à avoir quand vous avez essayé!


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Sarah Vuoppola de Suède est partie en Finlande pour patiner avec les célèbres Helsinki Rockettes. Découvrez son histoire! (Credits: Skate Synchro Photo)

8. Prendre soin les uns des autres
Si vous faites partie de ceux qui vont accueillir un patineur/se dans son équipe, aidez-le/la à s'intégrer.

Il y a pour cela des choses toutes simples à faire : échanger des mots, des expressions, intéressez-vous à son histoire, son parcours, son pays, sa culture, aidez-le à trouver un logement, un nouveau numéro de téléphone, se guider avec les transports en commun... Même si la personne ne vient que d'une ville, région, province voisine, prenez le temps de lui faire découvrir sa nouvelle ville, son nouveau pays! 

C'est déjà une grande aventure pour lui/elle, alors c'est génial de se sentir soutenu en arrivant dans un monde totalement inconnu.


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Agathe avec ses coéquipières des Suprêmes Seniors. (Credits: A. Merlier)

Pour conclure, je n'ai qu'un conseil: ne laissez pas la pandémie stopper vos rêves, ils sont juste en attente.

Agathe Merlier

Retrouvez l'histoire de six patineurs synchro qui viennent de partir ou partiront bientôt à l'étranger pour patiner dans une nouvelle équipe. Trois épisodes pour suivre leur parcours:

Partie 1: L'appel de l'étranger

Partie 2: Convaincre à distance

Partie 3: Se préparer, et pas (trop) stresser