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Sarah Vuoppola (part 2): "Nous devrions pouvoir être au même niveau, voire meilleures"


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Sarah Vuoppola la saison passée avec son équipe. (Credits: Ville Levijärvi - 2020) 

Il y a quelques jours, vous avez pu découvrir l'histoire de Sarah Vuoppola, une jeune suédoise qui a décidé de changer de vie pour rejoindre l'équipe de ses rêves: les Helsinki Rockettes. Découvrez dès maintenant son aventure dans cette nouvelle équipe, et sa façon de se préparer et de garder le moral face à cette saison pleine de challenges!

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Commencez par lire la partie 1 de l'interview de Sarah Vuoppola!

Parlez-nous un peu plus de votre expérience chez les Helsinki Rockettes. À quoi ressemblent vos entraînements? Y a-t-il une grande différence avec ce que vous avez connu jusqu'à présent en Suède?

Sarah Vuoppola: En Suède, nos entraînements se terminaient généralement à 22h30 sur la glace. Chez Rockettes, la dernière pratique prend fin vers 19h, ce qui est déjà une grande différence. Nous nous entraînons aussi dans trois patinoires différentes, situées à maximum 30 minutes du centre-ville.

Aussi, nous avons des entraînements plus courts chez Rockettes, aucun entraînement sur glace ne dure plus de deux heures. Nous nous concentrons beaucoup sur les détails du patinage de base. Kaisa nous demande toujours ce que nous avons trouvé ou appris au cours de la semaine. Il ne s’agit pas simplement de faire, il s’agit de comprendre comment tu as fait quelque chose, pourquoi tu l'as fait d’une certaine manière, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. C'est de cette façon, je pense, qu’il est plus facile de comprendre le patinage et j’ai l’impression d’apprendre toujours quelque chose de nouveau. 

Même si je patine depuis environ 22 ans, je suis entrée dans un tout nouveau monde en arrivant en Finlande. Dans mon ancienne équipe, je sentais que je n’avais plus grand chose à développer, car je ne savais pas comment faire. Chez Rockettes, j'ai l'impression de toujours avoir quelque chose à apprendre, même les choses les plus élémentaires.

Kaisa arrive toujours avec de nouvelles idées ou façons de faire les choses et cela peut inclure les moindres détails, comme le moment exact où vous devriez toucher la glace pour gagner le plus de vitesse lors des croisés. Je peux le dire, je n'y ai jamais pensé avant de venir ici. J'essayais juste de pousser le plus vite possible, sans vraiment me rendre compte de ce que je faisais. 

Emotions particulières
Quels sont les plus grands changements entre la Suède et la Finlande? En termes de patinage, de style de vie, de devoir parler finnois...

Tout d'abord, le sport en Finlande est plus populaire. Le public lors du spectacle de Noël de nos clubs avec Rockettes est presque plus important que celui des compétitions de qualification en Suède.

Aussi, avec Team Surprise, nous savions que quoiqu'il arrive, nous irions aux championnats du monde chaque année grâce à elle (les 5 meilleures nations peuvent envoyer 2 équipes aux championnats du monde). Alors qu'en Finlande, nous ne savons jamais qui obtiendra les deux places disponibles pour les championnats du monde. La compétition est tellement intense que l'on sait qu'une petite erreur peut coûter à ton équipe la qualification.

En tout cas, je suis très fière de faire partie d'une équipe finlandaise. Rockettes est une grande équipe et entrer sur la glace en compétition est vraiment une sensation particulière. Ma dernière compétition pour Boomerang était les championnats du monde à domicile, à Stockholm. C'était si spécial pour moi, je ne pensais pas revivre un tel moment, et pourtant j'avais tort.


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Les supporters finlandais à Helsinki. (Credits: Ice Galaxy - 2019)

En effet, la saison suivante, les Mondiaux avaient lieu à Helsinki, avec Rockettes. Tout ce que je peux dire c'est que c'était un moment incroyable de patiner ces deux programmes à domicile. C'est la sensation la plus cool de tous les temps. Je n'oublierai jamais ce moment-là.

Evidemment que j'étais nerveuse. Je me souviens qu'avec Nona, ma coéquipière, nous étions dans notre chambre, assise sur nos lits, environ 30 minutes avant de prendre le bus pour nous rendre à la patinoire. Nous nous sommes regardées et nous avons commencé à rire nerveusement et à nous demander : "Oh mon dieu, dans quoi nous nous sommes embarquées? Pourquoi fait-on ça au fait?" 


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Plus tard dans la soirée, lorsque nous étions sur la glace, je savais exactement pourquoi nous faisions cela. J'étais si heureuse de voir tous ces drapeaux finlandais dans la foule, d'entendre tout le monde crier et nous encourager. À ce moment-là, je ressentais tout le soutien du public et en même temps, je me sentais si calme. C'était incroyable. 

La Finlande et la Suède sont des pays voisins, alors je n'ai pas trouvé beaucoup de différences entre les deux. À part évidemment, la langue. Le finnois était impossible pour moi au début! Je suis rentrée à la maison plusieurs fois après les entraînements avec un mal de tête parce que j'essayais de comprendre ce que tout le monde disait. Heureusement pour moi, beaucoup de personnes parlent également le suédois en Finlande, et grâce à ça, j'ai trouvé un emploi dans un théâtre suédophone (n.d.l.r. qui parle suédois).


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Helsinki Rockettes, sur la glace, lors des Championnats du Monde 2019. (Credits: Ice Galaxy - 2019)

Avez-vous souvent l'occasion de voir votre famille?

Je rentre généralement chez moi pendant notre semaine de vacances à Noël et environ un mois et demi pendant nos vacances d'été. Parfois, mes parents viennent aussi en Finlande pour assister aux compétitions. Sinon, nous faisons beaucoup de Facetime et nous nous envoyons des messages textes. Bien sûr, j'ai le mal du pays de temps en temps, mais je suis très chanceuse d'avoir trouvé beaucoup d'amis en Finlande. Cela m'aide beaucoup et rend la situation nettement plus facile à vivre!

"N'arrêtez jamais de vous développer en tant qu'athlètes"
La Covid-19 a-t-elle un peu ou beaucoup affecté vos pratiques? Comment gérez-vous la situation?

Après avoir appris que les championnats du monde étaient annulés, les patinoires ont fermé et nous n'étions pas autorisées à nous entraîner ensemble au début. Comme nous ne pouvions pas nous rencontrer, nos entraîneurs ont fait des plans hebdomadaires pour nous. Nous avions un horaire avec des entraînements et des exercices à faire, des réunions Zoom pour faire des hors glace ou bien afin de connaître les nouveaux patineurs, pour parler de nos journées... Juste pour que l'équipe se sente bien même si nous ne pouvions pas nous voir.

Après quelques temps, nous avons enfin eu le droit de retourner sur la glace et de nous entraîner en petits groupes. Nous n'avions pas le droit de nous attacher alors on utilisait des rubans élastiques, des bâtons, etc. C'était différent, mais je pense que c'était aussi un bon entraînement. De plus, patinant en plus petits groupes, nous avions la chance d'avoir plus de corrections.


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(Credits: Ice Galaxy - 2019)

Vous êtes l'une des rares équipes au monde à pouvoir patiner et à pouvoir vous attacher, comment abordez-vous la situation? Est-il facile de continuer à s'entraîner pour atteindre des objectifs alors que les compétitions sont annulées jours après jours?

Je trouve que ce qui est le plus difficile pour nous dans cette situation, c’est que tout change constamment. On ne sait jamais ce qui va se passer ensuite, et c'est ce qui rend cette saison si différente de ce à quoi nous sommes habituées. Malgré tout, je pense que nous avons trouvé une bonne façon de nous entraîner et nous essayons de voir la saison aussi normale que possible pour ne jamais cesser de nous développer en tant qu'athlète.

Nous avons pris le temps d'en parler: même si la situation est différente, nous devrions pouvoir être au même niveau, voire meilleures que l'an dernier à la même période. Nous avons des objectifs pour nous-mêmes et pour l'équipe, même si nous n'avons plus de compétition cette année, il y a une autre saison qui arrive après.

Nous avons également eu un coaching mental où nous avons discuté des différentes situations possibles et comment nous pouvions les gérer. En tant qu'équipe, nous devons simplement nous adapter à chaque situation qui pourrait survenir. Je pense qu'il est important de pouvoir gérer et de bien discuter de la façon de se préparer à chaque situation, qu'elle soit bonne ou mauvaise.

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Quels sont vos objectifs pour cette saison de patinage mais aussi dans votre vie?

Mon rêve a toujours été d'obtenir une médaille d'or aux championnats du monde. J’ai eu des buts plus modestes en cours de route que je peux maintenant cocher de ma liste, et dont je suis très fière, mais gagner une médaille d'or est toujours un de mes rêves. Sinon, essentiellement, mes objectifs sont de continuer à me développer en tant que patineuse.

En tant qu'équipe, nous savons que la situation change constamment et nous avons discuté ensemble de comment nous adapter à toutes les situations possibles qui pourraient survenir. Nous voulons rester une équipe forte et en gardant le même niveau que la saison dernière au même moment de la saison, si ce n'est l'améliorer encore.

Pensez-vous pouvoir participer à des compétitions internationales cette saison?

C’est vraiment difficile à dire, car encore une fois, la situation change tout le temps. Nous ferons toujours ce qu'il y a de mieux pour notre équipe et nous respecterons les recommandations qui nous seront données. Si la situation change, alors peut-être. Mais pour l’instant, rien n'est sûr.


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Les Helsinki Rockettes après avoir gagné la médaille de bronze aux championnats du monde 2019.

Comment rester positif avec le Covid-19?

Je pense qu’il est important de prendre un jour à la fois. Il n’y aura peut-être pas de compétition pour le reste de la saison, il est difficile de savoir exactement ce qui va se passer.

Que penses-tu des compétitions en livestream?

Il faut voir la situation telle qu’elle est. Une compétition en livestream est assurément très différente d'une compétition normale. D'un autre côté, c'est mieux que pas de compétitions du tout, alors je pense que nous devons simplement tirer le meilleur parti de tout cela. Je suis un peu curieuse de savoir comment cela fonctionne.

Et pour conclure : qu'aimeriez-vous dire aux patineurs qui, comme toi, rêvent de rejoindre les Helsinki Rockettes?

Cela peut sembler vraiment cliché, mais suivez vos rêves et essayez! Je ne vois aucune raison de ne pas le faire. Pour ma part, j'avais deux choix, soit je restais en Suède pour faire la même chose que je faisais depuis de nombreuses années, soit je partais en Finlande et je faisais ce dont j'avais toujours rêvé. Je ne vois pas de bonne raison de ne pas suivre vos rêves, alors soyez courageux, foncez et faites ce que vous aimez!

C'est bien sûr effrayant au début. Je ne connaissais personne, je ne comprenais rien, je vivais seule et je me sentais vraiment abandonnée au début avant de faire connaissance avec de nouvelles personnes. Mais je pense qu’il est important d’avoir une bonne attitude, les choses vont aller mieux, il faut rester positif et y voir une nouvelle aventure dans la vie.

Je suis plus heureuse que jamais d’avoir rejoint Rockettes et je l'aurais regretté pour le reste de ma vie si je ne l’avais pas fait!

Ne manquez pas la première partie de l'interview de Sarah Vuoppola, la Suédoise chez les Helsinki Rockettes de Finlande!